La France garantit la liberté de religion comme un droit constitutionnel et le gouvernement respecte généralement ce droit dans la pratique. Une tradition d’anticléricalisme a conduit l’État à rompre ses liens avec l’Église catholique en 1905 et à adopter un engagement fort pour maintenir un secteur public totalement laïc.
Le catholicisme comme religion d’ÉtatModifié
Le catholicisme est la plus grande religion en France. Sous l’Ancien Régime d’avant 1789, la France était traditionnellement considérée comme la fille aînée de l’Église, et le roi de France a toujours entretenu des liens étroits avec le pape. Cependant, la politique du « gallicanisme » signifiait que le roi choisissait les évêques.
Guerres de religion françaises (1562-1598)Edit
Une forte population protestante résidait en France, principalement de confession réformée. Elle fut persécutée par l’État la plupart du temps, avec des périodes temporaires de relative tolérance. Ces guerres se sont poursuivies tout au long du XVIe siècle, avec le massacre de la Saint-Barthélemy de 1572 comme point culminant, jusqu’à l’édit de Nantes de 1598 émis par Henri IV.
Pour la première fois, les huguenots étaient considérés par l’État comme plus que de simples hérétiques. L’édit de Nantes a ainsi ouvert la voie à la laïcité et à la tolérance. En offrant une liberté de conscience générale aux individus, l’édit offrait de nombreuses concessions spécifiques aux protestants, par exemple l’amnistie et le rétablissement de leurs droits civils, y compris le droit de travailler dans n’importe quel domaine ou pour l’État et de porter des griefs directement au roi.
L’après-dict de Nantes (1598-1789)Edit
L’édit de 1598 accordait également aux protestants cinquante places de sûreté, qui étaient des places fortes militaires, comme La Rochelle, pour lesquelles le roi payait 180 000 écus par an, ainsi que 150 autres forts de secours (places de refuge), à entretenir aux frais des huguenots. Un tel acte novateur de tolérance était pratiquement unique dans une Europe (à l’exception du Commonwealth polono-lituanien) où la pratique courante obligeait les sujets d’un souverain à suivre la religion que celui-ci avait formellement adoptée – l’application du principe cuius regio, eius religio.
Les conflits religieux reprennent à la fin du XVIIe siècle, lorsque Louis XIV, le « Roi-Soleil », lance la persécution des huguenots en introduisant les dragonnades en 1681. Cette vague de violence intimide les protestants pour qu’ils se convertissent au catholicisme. Il officialise cette politique avec la révocation de l’édit de Nantes en 1685. En conséquence, un grand nombre de protestants – les estimations varient entre 200 000 et 500 000 – quittent la France au cours des deux décennies suivantes, cherchant asile en Angleterre, dans les Provinces-Unies, au Danemark, dans les États protestants du Saint-Empire romain germanique (Hesse, Brandebourg-Prusse, etc.) et dans les colonies européennes d’Amérique du Nord et d’Afrique du Sud.
La révocation de l’édit de Nantes en 1685 crée en France un état de fait similaire à celui de pratiquement tous les autres pays européens de l’époque, où seule la religion d’État majoritaire est tolérée. L’expérience de la tolérance religieuse en Europe était effectivement terminée pour le moment. Dans la pratique, la révocation a causé à la France une fuite des cerveaux, car elle a perdu un grand nombre d’artisans qualifiés, y compris des concepteurs clés tels que Daniel Marot.
Révolution françaiseEditer
La Révolution française a dépouillé l’Église catholique de la plupart de ses richesses, de son pouvoir et de son influence. Les premiers révolutionnaires ont cherché à séculariser l’ensemble de la société française, un effort inspiré par les écrits et la philosophie de Voltaire. En août 1789, la nouvelle Assemblée nationale abolit la dîme, l’impôt obligatoire de 10 % payé à l’Église catholique. En novembre 1789, elle vote l’expropriation de l’immense richesse de l’Église en dotations, terres et bâtiments. En 1790, l’Assemblée abolit les ordres religieux monastiques. Les statues et les saints furent rejetés dans un élan d’iconoclasme, et la plupart des enseignements religieux prirent fin.
La Constitution civile du clergé de 1790, plaça l’Église catholique sous le contrôle de l’État. Elle exigeait que les prêtres et les évêques soient élus par le peuple français, ce qui usurpait l’autorité traditionnelle de l’Église. La République légalise le divorce et transfère à l’État les pouvoirs d’enregistrement des naissances, des décès et des mariages. Le clergé catholique est persécuté par la Commune de Paris de 1792 à 1795 et par certains des Représentants en mission. Plus particulièrement, Jean-Baptiste Carrier mena des noyades à grande échelle de prêtres et de religieuses dans la Loire.
En 1793, le gouvernement établit un calendrier républicain laïc pour effacer la mémoire des dimanches, des jours saints et des fêtes religieuses, et pour augmenter le nombre de jours ouvrables en instituant une semaine de 10 jours. Traditionnellement, le septième jour – le dimanche – était un jour de repos, ainsi que de nombreux autres jours de fête et de détente. Le gouvernement tente de mettre fin à tout cela ; le nouveau calendrier ne prévoit qu’un jour sur dix pour la détente. Les ouvriers et les paysans se sentent lésés et surchargés de travail. Le nouveau système perturbe les routines quotidiennes, réduit les jours sans travail et met fin à des célébrations très appréciées. Lorsque les réformateurs ont été renversés ou exécutés, leur nouveau calendrier radical a été rapidement abandonné.
Les minorités religieuses – protestants et juifs – se sont vu accorder des droits civils et politiques complets, ce qui représentait un changement vers un gouvernement plus laïc pour certains, et une attaque contre l’Église catholique pour d’autres. De nouvelles religions et philosophies sont autorisées à concurrencer le catholicisme. L’introduction des principaux cultes au cours de la période révolutionnaire – le culte de la raison et le culte de l’être suprême – répond à la croyance selon laquelle la religion et la politique doivent être fusionnées de manière transparente. Il s’agit d’un changement par rapport aux idéaux initiaux des Lumières de la Révolution, qui préconisaient un gouvernement laïque tolérant les diverses croyances religieuses. Si Maximilien Robespierre est favorable à une fondation religieuse de la République, il maintient une position dure contre le catholicisme en raison de son association avec la corruption et la contre-révolution.
Les sectes cherchent à effacer les anciens modes de religion en fermant les églises, en confisquant les cloches des églises et en mettant en place un nouveau calendrier républicain qui exclut tout jour de pratique religieuse. De nombreuses églises furent converties en temples de la Raison. Le culte de la raison a d’abord été de dédramatiser l’existence de Dieu, pour se concentrer sur le déisme, mettant en avant non pas le sacré, le divin ou l’éternel, mais l’existence naturelle, terrestre et temporelle. Pour lier l’Église et l’État, les cultes ont transformé l’idéologie religieuse traditionnelle en politique. Le culte de l’Être suprême utilise la religion comme levier politique. Robespierre accuse ses adversaires politiques de se cacher derrière Dieu et d’utiliser la religion pour justifier leur opposition à la Révolution. C’est un changement d’idéologie qui a permis au culte d’utiliser les nouvelles croyances déistes pour obtenir un élan politique.
Après la réaction thermidorienne, les persécutions du clergé catholique ont cessé et le rôle des nouveaux cultes a pratiquement pris fin.
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Standard du Culte déiste de l’Être suprême, l’une des religions d’État proposées pour remplacer le christianisme dans la France révolutionnaire.
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Projet de la Métropole, jamais construite, qui devait être l’église principale du Culte de l’Être suprême.
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De nombreuses églises catholiques furent transformées en Temples de la Raison pendant la Révolution, comme le rappelle cette inscription sur une église d’Ivry-la-Bataille. Le culte de la Raison était une alternative athée au culte déiste de l’Être suprême.
Napoléon et le concordat avec le VaticanModifié
L’Église catholique a été durement touchée par la Révolution. En 1800, elle était pauvre, délabrée et désorganisée, avec un clergé épuisé et vieillissant. La jeune génération avait reçu peu d’instruction religieuse et ne connaissait pas le culte traditionnel. Cependant, en réponse aux pressions extérieures des guerres étrangères, la ferveur religieuse était forte, en particulier chez les femmes.
Napoléon prit le contrôle en 1800 et réalisa que la division religieuse devait être minimisée pour unir la France. Le Concordat de 1801 était un accord entre Napoléon et le pape Pie VII, signé en juillet 1801, qui est resté en vigueur jusqu’en 1905. Il visait la réconciliation nationale entre les révolutionnaires et les catholiques et consolidait l’Église catholique romaine en tant qu’Église majoritaire en France, avec la plupart de ses statuts civils restaurés. L’hostilité des catholiques fervents à l’égard de l’État était alors largement résolue. Il ne rétablit pas les vastes terres et dotations de l’Église qui avaient été saisies pendant la révolution et vendues. Le clergé catholique revient d’exil, ou de la clandestinité, et reprend ses fonctions traditionnelles dans ses églises traditionnelles. Très peu de paroisses continuèrent à employer les prêtres qui avaient accepté la Constitution civile du clergé du régime révolutionnaire. Bien que le Concordat ait rendu beaucoup de pouvoir à la papauté, l’équilibre des relations entre l’Église et l’État penche fermement en faveur de Napoléon. Il choisit les évêques et supervise les finances de l’Église.
Restauration des Bourbons (1814-1830)Edit
Avec la Restauration des Bourbons, l’Église catholique redevient la religion d’État de la France. Les autres religions étaient tolérées, mais le catholicisme était favorisé financièrement et politiquement. Ses terres et ses dotations financières ne lui sont pas rendues, mais le gouvernement paie désormais les salaires et les frais d’entretien des activités normales de l’église. Les évêques reprennent le contrôle des affaires catholiques. Alors que l’aristocratie d’avant la Révolution n’accordait pas une grande importance à la doctrine ou à la pratique religieuse, les décennies d’exil ont créé une alliance entre le trône et l’autel. Les royalistes qui reviennent sont beaucoup plus dévots et beaucoup plus conscients de la nécessité d’une alliance étroite avec l’Église. Ils avaient abandonné le scepticisme à la mode et encourageaient désormais la vague de religiosité catholique qui balayait l’Europe, avec une nouvelle considération pour la Vierge Marie, les saints et les rituels religieux populaires tels que la récitation du rosaire. Le dévotionnisme était beaucoup plus fort dans les zones rurales, et beaucoup moins visible à Paris et dans les autres villes. La population de 32 millions d’habitants comprend environ 680 000 protestants et 60 000 juifs. Ils sont tolérés. L’anticléricalisme du type promu par les Lumières et des écrivains comme Voltaire n’avait pas disparu, mais il était en récession.
Au niveau de l’élite, on assistait à un changement spectaculaire du climat intellectuel, passant du classicisme sec et intellectuellement orienté au romantisme fondé sur l’émotion. Un livre de François-René de Chateaubriand intitulé Génie du christianisme (1802) a eu une énorme influence sur la refonte de la littérature et de la vie intellectuelle françaises. Ce livre soulignait le pouvoir de la religion dans la création de la haute culture européenne. Le livre de Chateaubriand a contribué plus que tout autre ouvrage à restaurer la crédibilité et le prestige du christianisme dans les cercles intellectuels et a lancé une redécouverte à la mode du Moyen Âge et de sa civilisation chrétienne. Ce renouveau n’était cependant nullement confiné à une élite intellectuelle, mais se manifestait par une rechristianisation réelle, bien qu’inégale, des campagnes françaises.
Napoléon III (1848-1870)Edit
Napoléon III était un fervent défenseur des intérêts catholiques, finançant l’église et soutenant les missionnaires catholiques dans l’Empire français naissant. Son objectif principal était la conciliation de tous les intérêts religieux et anti-religieux en France, pour éviter les haines furieuses et les batailles qui ont eu lieu pendant la révolution, et qui réapparaîtraient après qu’il ait quitté le pouvoir.
En politique étrangère surtout contre le Royaume d’Italie anticlérical qui a émergé en 1860, a pris le contrôle de certaines parties des États pontificaux, et a cherché à prendre le contrôle complet de Rome. L’armée française l’en empêche. À Paris, l’Empereur est soutenu par les évêques gallicans conservateurs qui minimisent le rôle du peuple en France, par les intellectuels catholiques libéraux qui veulent utiliser l’Église comme un instrument de réforme. Le problème est venu avec le pape Pie IX qui a régné de 1846 à 1878. D’abord libéral, il est soudainement devenu, dans les années 1860, le principal champion de la politique réactionnaire en Europe, en opposition à toutes les formes de libéralisme moderne. Il exigea une autonomie complète pour l’église et les affaires religieuses et éducatives, et fit décréter l’infaillibilité papale par le premier concile du Vatican (1869-70). En politique étrangère, Napoléon III est trop attaché au soutien de Rome pour rompre avec le pape, mais cette alliance l’affaiblit gravement sur le plan intérieur. Lorsqu’il déclara la guerre à la Prusse en 1870, il ramena son armée chez lui, et le royaume d’Italie engloutit les domaines papaux et le pape devint le prisonnier du Vatican. Les déclarations du Vatican attaquant le progrès, l’industrialisation, le capitalisme, le socialisme et pratiquement toutes les idées nouvelles ont non seulement provoqué la colère des éléments catholiques libéraux et conservateurs en France, mais ont dynamisé les libéraux laïques (dont de nombreux professionnels) et le mouvement socialiste anticlérical ; ils ont intensifié leurs attaques contre les écoles confessionnelles.
Troisième République (1870-1940)Edit
Tout au long de la vie de la Troisième République (1870-1940), il y eut des batailles sur le statut de l’Église catholique en France entre les républicains, les monarchistes et les autoritaires (comme les napoléoniens). Le clergé et les évêques français étaient étroitement associés aux monarchistes et nombre de ses hauts responsables étaient issus de familles nobles. Les républicains étaient issus de la classe moyenne anticléricale, qui voyait dans l’alliance de l’Église avec les monarchistes une menace politique pour la république, et une menace pour l’esprit moderne de progrès. Les républicains détestaient l’Église pour ses affiliations politiques et de classe ; pour eux, l’Église représentait l’Ancien Régime, une époque de l’histoire de France que la plupart des républicains espéraient révolue depuis longtemps. Les républicains sont renforcés par le soutien des protestants et des juifs. De nombreuses lois affaiblissent successivement l’Église catholique. En 1879, les prêtres sont exclus des comités d’administration des hôpitaux et des bureaux de bienfaisance ; en 1880, de nouvelles mesures sont dirigées contre les congrégations religieuses ; de 1880 à 1890, les femmes laïques remplacent les religieuses dans de nombreux hôpitaux ; en 1882, les lois sur l’école Ferry sont votées. Le Concordat de Napoléon de 1801 continue d’assurer le financement de l’Église par l’État, mais en 1881, le gouvernement supprime les salaires des prêtres qui lui déplaisent.
Les républicains craignent que les ordres religieux qui contrôlent les écoles – en particulier les Jésuites et les Assomptionnistes – n’endoctrinent l’anti-républicanisme aux enfants. Déterminés à éradiquer ce phénomène, les républicains insistaient sur le fait que l’État avait besoin de contrôler les écoles pour que la France puisse réaliser des progrès économiques et militaires. (Les républicains estimaient que l’une des principales raisons de la victoire allemande en 1870 était la supériorité de leur système éducatif.)
Les premières lois anticatholiques étaient en grande partie l’œuvre du républicain Jules Ferry en 1882. L’instruction religieuse fut évincée de toutes les écoles, et il fut interdit aux ordres religieux d’y enseigner. Les fonds provenant des écoles religieuses ont été affectés à la construction d’autres écoles publiques. Plus tard dans le siècle, d’autres lois adoptées par les successeurs de Ferry ont encore affaibli la position de l’Église dans la société française. Le mariage civil devint le seul légal, le divorce fut introduit et les aumôniers furent retirés de l’armée.
Lorsque Léon XIII devint pape en 1878, il tenta d’apaiser les relations entre l’Église et l’État. En 1884, il dit aux évêques français de ne pas agir de manière hostile envers l’État ( » Nobilissima Gallorum Gens « ).En 1892, il publie une encyclique conseillant aux catholiques français de se rallier à la République et de défendre l’Église en participant à la politique républicaine ( » Au milieu des sollicitudes « ).Cette tentative d’amélioration des relations échoue. Cette tentative d’amélioration des relations n’aboutit pas. Des soupçons profondément ancrés subsistent de part et d’autre et sont exacerbés par l’affaire Dreyfus (1894-1906). Les catholiques sont pour la plupart anti-dreyfusards. Les Assomptionnistes publient des articles antisémites et antirépublicains dans leur journal La Croix. Cela rendait furieux les politiciens républicains, qui étaient désireux de se venger. Ils s’allient souvent avec des loges maçonniques. Le ministère Waldeck-Rousseau (1899-1902) et le ministère Combes (1902-05) se disputent avec le Vatican au sujet de la nomination des évêques. Les aumôniers sont retirés des hôpitaux navals et militaires dans les années 1903 et 1904, et les soldats reçoivent l’ordre de ne pas fréquenter les clubs catholiques en 1904.
Emile Combes, lorsqu’il est élu Premier ministre en 1902, est déterminé à vaincre le catholicisme en profondeur. Après seulement un court moment au pouvoir, il ferme toutes les écoles paroissiales de France. Puis il fait rejeter par le Parlement l’autorisation de tous les ordres religieux. Cela signifie que les cinquante-quatre ordres de France sont dissous et qu’environ 20 000 membres quittent immédiatement la France, la plupart pour l’Espagne. Le gouvernement Combes travaille avec les loges maçonniques pour créer une surveillance secrète de tous les officiers de l’armée afin de s’assurer que les catholiques fervents ne soient pas promus. Révélé sous le nom de l’Affaire des Fiches, le scandale a sapé le soutien au gouvernement Combes, qui a démissionné. Il a également sapé le moral de l’armée, les officiers réalisant que des espions hostiles examinant leur vie privée étaient plus importants pour leur carrière que leurs propres réalisations professionnelles.
1905 : Séparation de l’Église et de l’ÉtatModification
Les radicaux (comme ils se nommaient eux-mêmes) atteignent leurs principaux objectifs en 1905 : ils abrogent le Concordat de Napoléon de 1801. L’Église et l’État étaient enfin séparés. Tous les biens de l’Église ont été confisqués. Le personnel religieux n’est plus rémunéré par l’État. Le culte public est confié à des associations de laïcs catholiques qui contrôlent l’accès aux églises. Cependant, dans la pratique, les messes et les rituels continuaient à être célébrés.
Une loi de 1905 institue la séparation de l’Église et de l’État et interdit au gouvernement de reconnaître, de salarier ou de subventionner une religion. L’accord Briand-Ceretti de 1926 a ensuite rétabli pour un temps un rôle formel de l’État dans la nomination des évêques catholiques, mais les preuves de son exercice ne sont pas faciles à obtenir. Avant 1905, le Concordat de 1801-1808 obligeait l’État à soutenir l’Église catholique, l’Église luthérienne, l’Église calviniste et la religion juive, et à financer l’enseignement religieux public de ces religions établies.
Pour des raisons historiques, cette situation est toujours d’actualité en Alsace-Moselle, qui était une région allemande en 1905 et n’a rejoint à nouveau la France qu’en 1918. L’Alsace-Moselle maintient un droit local de statuts antérieurs à 1918 qui inclut le Concordat : le gouvernement national rémunère, en tant que fonctionnaires d’État, le clergé du diocèse catholique de Metz et de Strasbourg, de l’Église protestante luthérienne de la confession d’Augsbourg d’Alsace et de Lorraine, de l’Église protestante réformée d’Alsace et de Lorraine, et des trois consistoires israélites régionaux, et il prévoit désormais un enseignement religieux non obligatoire de ces religions dans les écoles et universités publiques. Toujours pour des raisons historiques, les prêtres catholiques en Guyane sont des fonctionnaires du gouvernement local.
Les bâtiments religieux construits avant 1905 aux frais des contribuables sont conservés par le gouvernement local ou national, et peuvent être utilisés gratuitement par les organisations religieuses. Par conséquent, la plupart des églises catholiques, des temples protestants et des synagogues juives sont détenus et entretenus par le gouvernement. Depuis 1905, il est interdit au gouvernement de financer tout édifice religieux postérieur à 1905, et les religions doivent donc construire et entretenir tous les nouveaux édifices religieux à leurs propres frais. Certaines collectivités locales subventionnent de facto les salles de prière dans le cadre de plus grandes « associations culturelles ».
Tensions récentesModifier
Un sujet de controverse permanent est de savoir si la séparation de l’Église et de l’État devrait être affaiblie afin que le gouvernement puisse subventionner les salles de prière musulmanes et la formation des imams. Les partisans de telles mesures, comme parfois Nicolas Sarkozy, déclarent qu’elles encourageraient la population musulmane à mieux s’intégrer dans le tissu de la société française. Les opposants affirment que l’État ne devrait pas financer les religions. En outre, l’interdiction par l’État du port de symboles religieux ostensibles, tels que le foulard islamique féminin, dans les écoles publiques a aliéné certains musulmans français, provoqué des manifestations de rue mineures et suscité quelques critiques internationales.
À la fin des années 1950, après la fin de la guerre d’Algérie, des centaines de milliers de musulmans, dont certains avaient soutenu la France (harkis), se sont installés définitivement en France. Ils se sont dirigés vers les grandes villes où ils ont vécu dans des logements sociaux subventionnés, et ont subi des taux de chômage très élevés. En octobre 2005, les banlieues à prédominance arabe de Paris, Lyon, Lille et d’autres villes françaises ont connu des émeutes de jeunes socialement aliénés, dont beaucoup étaient des immigrés de deuxième ou troisième génération.
Le professeur de l’université américaine C. Schneider raconte:
Pendant les trois semaines convulsives suivantes, les émeutes se sont propagées de banlieue en banlieue, touchant plus de trois cents villes.(…)Neuf mille véhicules furent incendiés, des centaines de bâtiments publics et commerciaux détruits, quatre mille émeutiers arrêtés et 125 policiers blessés.
Les interprétations traditionnelles disent que les émeutes ont été poussées par des musulmans radicaux ou des jeunes sans emploi. Une autre opinion affirme que les émeutes reflètent un problème plus large de racisme et de violence policière en France.
En mars 2012, un radical musulman nommé Mohammed Merah a abattu trois soldats français et quatre citoyens juifs, dont des enfants à Toulouse et Montauban.
En janvier 2015, le journal satirique Charlie Hebdo, qui avait ridiculisé Mahomet, et une épicerie juive ont été attaqués par des musulmans radicalisés qui étaient nés et avaient grandi en région parisienne. Les dirigeants du monde entier se sont ralliés à Paris pour montrer leur soutien à la liberté d’expression. Les analystes s’accordent à dire que cet épisode a eu un impact profond sur la France. Le New York Times a résumé le débat en cours :
Alors que la France est en deuil, elle est également confrontée à de profondes questions sur son avenir : Quelle est l’importance de la partie radicalisée de la population musulmane du pays, la plus importante d’Europe ? Quelle est la profondeur du fossé entre les valeurs françaises de laïcité, de liberté individuelle, sexuelle et religieuse, de liberté de la presse et de liberté de choquer, et un conservatisme musulman croissant qui rejette nombre de ces valeurs au nom de la religion ?
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