L’un des mystères persistants de l’autisme est que ce syndrome est tout aussi souvent associé à une probabilité accrue de génie qu’à un retard mental. Comment est-il possible qu’un seul trouble puisse amener les gens aux deux extrêmes ?
Historiquement, la plupart des patients atteints de TSA étaient considérés comme ayant également une intelligence inférieure à la moyenne. La limite des méthodes antérieures de test du QI était qu’elle était basée uniquement sur les capacités de communication verbale. Avec la mise au point de tests plus sophistiqués, il est vite devenu évident que les hypothèses précédentes sur l’intelligence et les TSA étaient carrément fausses dans de nombreux cas. Malgré tout, le Center for Autism Research estime à environ 40 % le taux de patients atteints de TSA dont le QI est inférieur à 70.
Mais on sait aussi depuis longtemps qu’un sous-ensemble de patients atteints de TSA va faire preuve de dons extraordinaires en matière d’acuité mentale et de calcul. Ces savants autistes existent à l’autre extrémité du spectre, présentant des prouesses d’intelligence mentale dont les neurotypiques ne peuvent que s’émerveiller.
Bien sûr, le syndrome résulte d’altérations de la structure du cerveau qui ne sont pas encore bien comprises. Le potentiel de ces changements structurels pour produire une intelligence géniale ou inférieure à la moyenne est également encore entouré de mystère.
Manipuler les extrêmes de l’intelligence autistique
Pour les analystes du comportement appliqués, cela crée un défi d’adaptation à des types de comportement énormément différents de la part des patients à chaque extrémité du spectre.
Bien que les problèmes de comportement de tous les patients atteints de TSA aient tendance à se classer dans des catégories similaires, comme les défis de communication, la difficulté d’interaction sociale et les comportements répétitifs, une étude de 2015 suggère que les problèmes sous-jacents peuvent varier en fonction de l’intelligence du patient.
L’étude a révélé que les patients autistes à QI élevé obtenaient systématiquement des résultats inférieurs à ceux des patients neurotypiques de la même fourchette de QI lors des tests cognitifs, tandis que les patients TSA à QI faible obtenaient des résultats équivalents à ceux de leurs homologues neurotypiques.
L’importance de cette découverte pour les TSA est que les déficits cognitifs des patients TSA à QI élevé peuvent avoir des causes sous-jacentes qui ne sont pas ancrées dans le syndrome lui-même. Ils pourraient bénéficier davantage de thérapies ciblant spécifiquement les compétences cognitives.
Mais l’étude met également en garde contre l’assimilation des TSA à QI élevé à l’autisme de haut niveau. Les patients atteints de TSA, quel que soit leur QI, peuvent avoir des capacités fonctionnelles différentes, ce qui explique en partie pourquoi les ACA procèdent systématiquement à des évaluations individuelles du comportement fonctionnel (ACF) de leurs patients, indépendamment de tout autre test que le patient a pu subir par le passé.
S’occuper de patients atteints de TSA à QI faible crée d’autres défis, mais des défis que la panoplie d’outils de l’ACA est bien équipée pour affronter. Les patients de cette sorte peuvent être moins réceptifs au conditionnement qui nécessite une perception et une compréhension astucieuses, mais de nombreuses thérapies ABA, telles que l’entraînement par essais discrets, peuvent décomposer la thérapie en autant d’étapes simples que nécessaire.
En fin de compte, l’ABC de l’analyse appliquée du comportement (Antécédent – Comportement – Conséquence) peut être appliqué même avec des patients TSA à QI profondément faible. L’amélioration ultime qu’ils sont capables d’obtenir peut être beaucoup plus faible que pour les patients à QI élevé, mais la technique reste le meilleur traitement de l’autisme disponible.
Les extrêmes de l’autisme résultent de déséquilibres dans l’intelligence
L’AAC n’est pas seulement utilisée pour traiter les TSA, cependant, et les ABA avec des patients non atteints de TSA pourraient avoir remarqué quelque chose de curieux chez certains d’entre eux : même les génies sans TSA complet présentent souvent un nombre inhabituel de symptômes de l’autisme.
Une étude menée en 2011 sur huit enfants prodiges a trouvé un certain nombre de parallèles entre eux et les enfants autistes (trois des prodiges étaient, en fait, eux-mêmes autistes), notamment une tendance à l’obsession, un développement tardif des compétences verbales et des difficultés d’interaction sociale.
Plus intéressant encore, pour un syndrome dont les liens génétiques sont connus, on a constaté que la moitié des participants avaient des liens familiaux avec les TSA. Dans la population générale, seulement environ un pour cent des personnes ont des antécédents familiaux d’autisme.
Tout cela suggère que peut-être le spectre de l’autisme va plus loin dans l’une ou l’autre direction que les critères de diagnostic actuels ne le spécifient – ou que l’autisme lui-même est une condition surgissant en grande partie de développements atypiques dans les régions du cerveau responsables de l’intelligence.
Cette théorie a été avancée dans un article de 2016 dans la revue Frontiers in Neuroscience, qui émet l’hypothèse que l’autisme est le résultat de composantes de l’intelligence améliorées, mais déséquilibrées. Selon ce point de vue, l’intelligence chez les patients atteints de TSA est un processus qui s’est emballé… dans certains cas, elle devient déséquilibrée au point d’être retardée, et dans d’autres, elle bascule vers le génie.
Comme l’étude est récente, les implications de cette suggestion ont été peu explorées et elle reste, à la mi-2017, une simple hypothèse. Mais les ACA qui travaillent avec des individus dans tout le spectre des TSA et en dehors de celui-ci peuvent bénéficier de la compréhension de la relation apparente entre l’intelligence et les symptômes comportementaux qui leur sont présentés.