Rapport de cas
Un homme d’une vingtaine d’années s’est présenté à notre hôpital avec une plainte principale de palpitations, de vertiges, de faiblesse, de fatigabilité facile et de fatigue générale. Son médecin précédent avait diagnostiqué une dépression, et des antidépresseurs lui avaient été prescrits pendant 14 mois. Ses symptômes n’avaient pas changé avant ou après le traitement aux antidépresseurs. Son examen physique, ses analyses de laboratoire, sa radiographie pulmonaire et ses échocardiogrammes n’ont révélé aucun signe de maladie cardiaque structurelle et/ou organique cliniquement manifeste, ni de tachycardie sinusale pathologique secondaire, telle qu’une anémie ou une hyperthyroïdie. L’axe de ses ondes P pendant la tachycardie était similaire à celui du rythme sinusal, et de grandes ondes P ont été notées pendant la tachycardie, en particulier dans les dérivations II, III et aVF (Fig. 1A et B) sur l’électrocardiogramme à 12 dérivations. Sa fréquence cardiaque (FC) était supérieure à 100 battements par minute (bpm) avec un effort minimal (Fig. 1B), le monitorage Holter sur 24 heures a montré une FC moyenne supérieure à 90 bpm avec des palpitations, et il a présenté une FC supérieure à 130 bpm dans les 90 premières secondes d’un protocole standard de Bruce sur le test du tapis roulant (Tableau). Compte tenu de ce qui précède, il a été diagnostiqué comme souffrant de TSI.
Électrocardiogramme à 12 dérivations au repos (fréquence cardiaque 90 bpm) (A), à l’effort minimal (fréquence cardiaque 120 bpm) (B), sous administration intraveineuse d’un agoniste bêta-adrénergique (fréquence cardiaque 150 bpm) (C), et après l’administration d’énergie par radiofréquence (fréquence cardiaque 130 bpm) (D). bpm : battements par minute
Tableau.
RH, test sur tapis roulant, BNP et classe fonctionnelle NYHA.
Before RFCA | After RFCA | |
---|---|---|
Total heart beat (beats per day) | 141,144 | 112,322 |
Horloge moyenne par Holter 24 h (bpm) | 98 | 78 |
Horloge-HR>130 bpm (secondes) | 78 | 158 |
ST-T change | none | none |
PNP sérique (pg/dL) | 34 | 8 |
Classe fonctionnelle NYHA | II | I |
HR : fréquence cardiaque, bpm ; battements par minute, BNP : brain natriuretic peptide, NYHA : New York Heart Association, RFCA : radiofrequency catheter ablation, Time-HR>130 bpm : fréquence cardiaque supérieure à 130 bpm lors d’un protocole standard de Bruce sur le test du tapis roulant
Sa concentration sérique de peptide natriurétique cérébral (BNP) était élevée à 34 pg/dL, et sa classe fonctionnelle de la New York Heart Association (NYHA) était de classe II à l’admission (tableau). Son TSI a donc été jugé réfractaire aux médicaments, notamment à une administration orale des bêtabloquants bisoprolol 5 mg/j et vérapamil 120 mg/j.
Une ACRF a été réalisée, guidée par un cathéter multiélectrode array utilisant le système de cartographie sans contact EnSite™. Une étude électrophysiologique a été réalisée avant et après la RFCA pour vérifier le mécanisme de l’arythmie et exclure la coexistence d’autres arythmies. En utilisant un bêta-bloquant et un agoniste, la fréquence cardiaque a été contrôlée entre 80 et 150 bpm avant et après la RFCA. L’IST avec de grandes ondes P pendant la tachycardie dans les dérivations II, III et aVF a été induite de façon constante par un agoniste bêta-adrénergique (Fig. 1C). L’administration intraveineuse d’un bloqueur bêta-adrénergique et d’un agoniste, respectivement, a permis d’observer un réchauffement au début et un refroidissement à la fin de l’IST. Les cartes d’activation des images EnSite™ ont montré de manière intéressante que les sites d’éclatement (BOS) pour une FC inférieure ou supérieure à 100 bpm pouvaient être facilement et clairement séparés (Fig. 2A et C). Après avoir délivré de l’énergie de radiofréquence pendant 30 à 60 secondes avec une température prédéfinie de 50℃ et une limite de puissance de 30 W au niveau des BOS pendant une HR de plus de 100 bpm, les BOS observés pendant une HR de plus de 100 bpm se sont complètement déplacés vers les sites pour une HR de moins de 100 bpm (Fig. 2B et C), en accord avec la disparition des ondes P hautes dans les dérivations II, III et aVF (Fig. 1D).
Vue oblique antérieure droite des cartes de tension (A, B) et d’activation (C) EnSiteTM montrant l’oreillette droite (AR). Les sites de rupture (BOS) dont la fréquence cardiaque (FC) était inférieure (cercle vert avec 80 et 90) ou supérieure (cercle jaune avec 100, 110, 120, 130, 140 et 150) à 100 bpm ont pu être facilement et clairement séparés (A, C). La zone dans le cercle rouge avec la ligne pointillée était le site cible pour l’ablation par cathéter à radiofréquence (RFCA) (A, B). Après la RFCA, les BOS observés lors d’une FC de plus de 100 bpm (cercles jaunes avec 100, 110, 120, 130, 140 et 150) se sont complètement déplacés vers les sites pour une FC de moins de 100 bpm (cercles verts avec 80 et 90) (B, C). bpm : battements par minute
Après le traitement de l’IST, ses symptômes incapacitants ont régulièrement disparu. Son monitorage Holter sur 24 heures et le protocole standard de Bruce lors du test sur tapis roulant ont démontré une FC moyenne inférieure à 90 bpm sans aucun symptôme et une FC supérieure à 130 bpm sur les 90 premières secondes (tableau). Sa concentration sérique de BNP et sa classe fonctionnelle NYHA se sont normalisées à 8 pg/dL et classe I, respectivement (Tableau). Il est resté en bonne santé sans aucun symptôme ni médicament, y compris des antidépresseurs, pendant deux ans depuis le RFCA.