Face à une mutinerie de l’armée et à de violentes manifestations contre son pouvoir, Mohammad Reza Shah Pahlavi, le dirigeant de l’Iran depuis 1941, est contraint de fuir le pays. Quatorze jours plus tard, l’ayatollah Ruhollah Khomeini, le chef spirituel de la révolution islamique, revient après 15 ans d’exil et prend le contrôle de l’Iran.
En 1941, les troupes britanniques et soviétiques occupent l’Iran, et le premier shah Pahlavi, qu’elles considèrent avec suspicion, est contraint d’abdiquer en faveur de son fils, Mohammad Reza. Le nouveau shah promet d’agir en tant que monarque constitutionnel mais s’immisce souvent dans les affaires du gouvernement élu. Après qu’un complot communiste contre lui ait été déjoué en 1949, il s’arroge encore plus de pouvoirs. Toutefois, au début des années 1950, le shah est éclipsé par Mohammad Mosaddeq, un nationaliste iranien zélé qui convainc le Parlement de nationaliser les importants intérêts pétroliers britanniques en Iran. Mohammad Reza, qui entretient des relations étroites avec la Grande-Bretagne et les États-Unis, s’oppose à cette décision. Néanmoins, il est contraint en 1951 de nommer Mosaddeq premier ministre, et deux années de tension s’ensuivent.
En août 1953, Mohammad Reza tente de destituer Mosaddeq, mais le soutien populaire du premier ministre est si important que le shah lui-même est contraint de quitter l’Iran. Quelques jours plus tard, des agents de renseignement britanniques et américains ont orchestré un étonnant coup d’État contre Mosaddeq, et le shah est revenu au pouvoir en tant que seul dirigeant de l’Iran. Il abrogea la législation de Mosaddeq et devint un proche allié des États-Unis au Moyen-Orient pendant la guerre froide.
En 1963, le chah lança sa « Révolution blanche », un vaste programme gouvernemental qui comprenait une réforme agraire, le développement des infrastructures, le droit de vote pour les femmes et la réduction de l’analphabétisme. Bien que ces programmes aient été applaudis par beaucoup en Iran, les dirigeants islamiques ont critiqué ce qu’ils considéraient comme une occidentalisation de l’Iran. Ruhollah Khomeini, un religieux chiite, se montre particulièrement critique et appelle au renversement du shah et à l’établissement d’un État islamique. En 1964, Khomeini est exilé et s’installe de l’autre côté de la frontière, en Irak, où il envoie des messages radio pour inciter ses partisans.
Le shah se voit avant tout comme un roi perse et organise en 1971 une célébration extravagante du 2 500e anniversaire de la monarchie perse préislamique. En 1976, il remplace officiellement le calendrier islamique par un calendrier persan. Le mécontentement religieux grandit et le shah devient plus répressif, utilisant sa police secrète brutale pour supprimer l’opposition. Cette situation aliène les étudiants et les intellectuels iraniens, et le soutien à Khomeini augmente. Le mécontentement est également omniprésent dans les classes pauvres et moyennes, qui estiment que les développements économiques de la Révolution blanche n’ont profité qu’à l’élite dirigeante. En 1978, des manifestations anti-chah éclatent dans les grandes villes d’Iran.
Le 8 septembre 1978, les forces de sécurité du chah tirent sur un grand groupe de manifestants, faisant des centaines de morts et des milliers de blessés. Deux mois plus tard, des milliers de personnes descendent dans les rues de Téhéran, se livrant à des émeutes et détruisant les symboles de l’occidentalisation, comme les banques et les magasins d’alcool. Khomeini appelle au renversement immédiat du shah et, le 11 décembre, un groupe de soldats se mutine et attaque les agents de sécurité du shah. Avec cela, son régime s’effondre et le shah s’enfuit.
Le shah voyage dans plusieurs pays avant d’entrer aux États-Unis en octobre 1979 pour le traitement médical de son cancer. À Téhéran, les militants islamiques réagissent le 4 novembre en prenant d’assaut l’ambassade américaine et en prenant le personnel en otage. Avec l’approbation de Khomeini, les militants exigent le retour du chah en Iran pour y être jugé pour ses crimes. Les États-Unis refusent de négocier et 52 otages américains sont retenus pendant 444 jours. Mohammad Reza Shah Pahlavi meurt en Égypte en juillet 1980.
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