L’indépendance avant la conquête
Les premiers Namibiens étaient des San, peuples nomades dont la culture axée sur la survie était basée sur la chasse et la cueillette. Leurs clans étaient petits et rarement fédérés, et leur technologie militaire était si faible que, avant même l’arrivée des Européens, ils avaient été repoussés aux marges du désert. Les peintures et gravures rupestres de Twyfelfontein, dans le nord-ouest de la Namibie, ont permis de faire la lumière sur les premiers chasseurs-cueilleurs San qui habitaient autrefois la région. On y trouve des objets en pierre, des figures humaines et des animaux tels que des girafes, des rhinocéros et des zèbres. Twyfelfontein a été désigné comme site du patrimoine mondial de l’UNESCO en 2007.
Les premiers conquérants du sud de la Namibie étaient les Nama. Ils avaient un système clanique plus important, avec des alliances interclaniques, et une économie pastorale. Étroitement liés (généralement dans un rôle de dépendance) étaient les Damara, un peuple d’Afrique centrale dont la culture combinait le pastoralisme, la chasse et la fonte du cuivre. Dans le nord-est et le centre de la Namibie, les Herero (un peuple pastoral d’Afrique centrale) ont mis en place des systèmes de clans imbriqués, dirigés par un chef suprême. L’unité de la nation Herero a cependant toujours été sujette à des scissions. Dans le nord, le peuple Ovambo a développé plusieurs royaumes des deux côtés de la rivière Kunene. Ils étaient des agriculteurs mixtes (en grande partie grâce à un environnement plus hospitalier pour les cultures) et travaillaient également le cuivre. À l’est, les peuples apparentés du Kavango avaient un système étatique quelque peu similaire mais plus faible. Sur les marges de la Namibie – c’est-à-dire la bande de Caprivi à l’extrême est et sur les marges du Kalahari – les peuples et groupements locaux étaient des débordements du sud de la Zambie (Barotse) et du Botswana (Tswana).
Jusqu’aux années 1860, le contact et la pénétration européens étaient légers. Diogo Cão et Bartolomeu Dias ont touché la côte namibienne en 1486 et 1488 respectivement, en route vers le Cap de Bonne-Espérance et au retour de celui-ci, mais il n’y a pratiquement pas eu de contact avant les années 1670. Des explorateurs afrikaners après 1670 et des commerçants et colons afrikaners vers 1790 sont venus en Namibie et ont fini par atteindre les frontières méridionales des royaumes Ovambo, notamment au Pan Etosha. Avec les missionnaires allemands, les explorateurs de diverses nationalités, les commerçants britanniques et les baleiniers norvégiens, ils n’ont pas joué un rôle dominant avant 1860. Ils ont plutôt créé les premières voies de commerce (ivoire et plus tard bétail) et introduit les armes à feu.
Ces dernières ont accentué la destructivité des conflits entre les différents clans et peuples. Il en est de même de l’arrivée, après le premier quart du XIXe siècle, des Oorlam-Nama en provenance du Cap. Leur technologie militaire (qui comprenait des chevaux, des fusils et un petit commando mobile) était calquée sur celle des Afrikaners. Ils en sont venus à dominer les Nama (Nation rouge) et les Damara résidents. Au milieu du XIXe siècle, un royaume gouverné par les Oorlam mais en partie Herero et soutenu par la Nation rouge et les Damara fut établi près de Windhoek par le chef Oorlam Jonker Afrikaner.
Le centre de la Namibie était alors une zone de conflit entre les Herero, qui se déplaçaient vers le sud, et les Nama, qui migraient vers le nord. En 1870, un traité de paix fut signé avec les Allemands à la frontière du pays Herero. Entre-temps, en grande partie à cause des pressions de la guerre, Maherero était devenu le chef suprême des Herero. À cette époque, une communauté créole (« de couleur ») sud-africaine, les Rehoboth Basters, avait immigré sur un territoire situé au sud de Windhoek, où elle faisait office de tampon entre les Herero et les Allemands. Comme les Oorlam, ils ont été européanisés dans la technologie militaire ainsi que dans la société civile et l’organisation de l’État, copiées sur les Afrikaners.
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