La prédilection du CRRS pour Erasmiana dans toutes ses manifestations – éditions anciennes d’Érasme et de ses contemporains, études, conférences – est facile à déceler. Mais il y a une utilisation idéale pour tout cela : depuis les années 1970, l’University of Toronto Press publie une édition de la correspondance complète d’Érasme et de ses autres écrits majeurs. Les Collected Works of Erasmus (CWE), sous la direction générale du professeur James K. McConica, président de l’Institut pontifical d’études médiévales, ont produit plus de 60 volumes à ce jour, et le total final sera de 89, y compris les Contemporains d’Érasme, un registre biographique en trois volumes des personnes mentionnées dans les écrits d’Érasme. Le CWE est le plus grand projet de traduction jamais entrepris par une presse canadienne. Il est un peu incroyable qu’une tâche aussi colossale ait pu être entreprise, et qu’elle soit toujours active à une époque où les universitaires sont tellement pressés de démontrer les résultats pratiques immédiats et l’applicabilité de leurs recherches.
L’idée est née à l’été 1968, lorsque Ron Schoeffel, de la University of Toronto Press, a décidé qu’il aimerait lire les lettres d’Érasme, mais qu’il ne trouvait pas d’édition anglaise dans le catalogue sur fiches de la bibliothèque. Il pensait qu’il devait y avoir une erreur. Ce n’était pas le cas. Les lettres de l’un des plus grands penseurs humanistes et des plus importants personnages de la Renaissance et de la Réforme n’étaient disponibles qu’en latin, et seuls quelques autres de ses écrits existaient en anglais. De retour à la presse, Schoeffel a consulté la directrice de la rédaction, Francess Halpenny, ainsi que d’autres collègues et universitaires sur la possibilité de faire produire et publier par la presse une traduction des écrits d’Érasme. À l’époque, les projets audacieux étaient à la mode, mais aussi réalisables ; à la fin de 1968, le CWE était lancé, avec un projet d’environ 40 volumes – non seulement les lettres d’Érasme, mais aussi ses autres écrits majeurs – traduits, annotés, dotés d’un important appareil scientifique et soigneusement situés dans le contexte culturel, théologique, grammatical, politique, philosophique et bibliographique de son époque. Depuis lors, le décompte final est passé à 89 volumes et il faudra encore une vingtaine d’années avant que le travail soit achevé et que tous les volumes soient publiés.
Cela n’a pas toujours été facile. Bien que la CWE ait commencé avec l’assurance d’un financement continu par subventions, cela a pris fin en 1998 lorsque le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada a décidé de changer d’orientation dans l’attribution des subventions. Mais l’University of Toronto Press a continué à financer les coûts de recherche et de publication de l’édition, et grâce à l’aide financière occasionnelle de particuliers et d’institutions, ainsi qu’au soutien inestimable de la communauté scientifique dans son ensemble, le projet a non seulement survécu, mais il a prospéré. The Collected Works of Erasmus a été qualifié de » l’un des grands mégaprojets de l’histoire de l’édition canadienne » (Ottawa Citizen), et de » magnifique réalisation, l’un des triomphes savants de notre époque » (Lisa Jardine, Common Knowledge).
Kim Yates, assistante du directeur
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