Embargo, interdiction légale par un gouvernement ou un groupe de gouvernements de restreindre le départ de navires ou la circulation de marchandises de certains ou de tous les lieux vers un ou plusieurs pays.
Les embargos peuvent avoir une portée large ou étroite. Un embargo commercial, par exemple, est une interdiction d’exporter vers un ou plusieurs pays, bien que le terme soit souvent utilisé pour désigner une interdiction de tout commerce. En revanche, un embargo stratégique restreint uniquement la vente de biens qui contribuent directement et spécifiquement à la puissance militaire d’un pays ; de même, un embargo pétrolier interdit uniquement l’exportation de pétrole. Les embargos généraux autorisent souvent l’exportation de certains biens (par ex, médicaments ou denrées alimentaires) de se poursuivre à des fins humanitaires, et la plupart des embargos multilatéraux comportent des clauses d’exemption qui précisent un ensemble limité de conditions dans lesquelles les exportateurs peuvent être exemptés de leurs interdictions.
Un embargo est un outil de guerre économique qui peut être employé à diverses fins politiques, notamment pour démontrer sa détermination, envoyer un signal politique, exercer des représailles contre les actions d’un autre pays, contraindre un pays à modifier son comportement, le dissuader de se livrer à des activités indésirables et affaiblir sa capacité militaire. Par exemple, en 1992, les États-Unis ont redoublé d’efforts pour faire respecter l’embargo qu’ils imposent à Cuba depuis des décennies, afin de riposter à l’abattage d’un avion civil américain par l’armée de l’air cubaine et de démontrer leur détermination à maintenir les restrictions commerciales malgré l’opposition croissante qu’elles suscitent dans le pays et à l’étranger. Un embargo peut également être utilisé pour interdire l’exportation d’armes et d’autres matériels de guerre vers des États belligérants ou en rébellion, soit dans le cadre d’une tentative – généralement collective – de forcer une cessation des hostilités, soit dans le cadre d’un effort individuel d’un État pour préserver sa neutralité. En 1937, les États-Unis ont imposé à cette fin un embargo sur les armes aux deux camps de la guerre civile espagnole et, en 1991, les Nations unies ont tenté de mettre fin aux combats dans l’ex-Yougoslavie en imposant un embargo sur les armes à tous les belligérants. Un embargo peut également être imposé pour empêcher des pays potentiellement menaçants d’accroître leur puissance militaire. Pendant la guerre froide, par exemple, le Comité de coordination pour le contrôle multilatéral des exportations (COCOM) a géré un embargo multilatéral qui limitait l’exportation de biens stratégiques de ses États membres vers l’Union soviétique. Depuis la fin de la guerre froide, des embargos stratégiques ont été imposés à l’Irak, à la Libye et à la Corée du Nord.
L’application d’un embargo peut impliquer la détention de navires marchands ou d’autres biens pour empêcher leur déplacement vers un territoire étranger. Ces actions peuvent être civiles ou hostiles. Alors que les embargos civils consistent à retenir les navires nationaux dans les ports d’attache, soit pour les protéger des déprédations étrangères, soit pour empêcher les marchandises d’atteindre un pays particulier, les embargos hostiles impliquent la détention des navires ou d’autres biens d’un pays étranger.
Les embargos ne sont pas imposés contre les navires et autres biens ennemis, car leur statut de biens ennemis les soumet généralement à d’autres types d’action (par exemple, une attaque militaire), mais ils peuvent être imposés par les belligérants aux navires neutres – qui peuvent également exercer le droit d’angary – et par les neutres aux navires belligérants. Par exemple, en 1941, avant qu’ils ne deviennent officiellement un belligérant, les États-Unis ont saisi des navires allemands, italiens, danois et français en attente dans les eaux américaines et ont également gelé les avoirs des puissances de l’Axe.
Les embargos multilatéraux nécessitent une coopération collective et sont plus susceptibles d’être efficaces lorsque tous les pays qui ont la capacité de les compromettre respectent leurs restrictions. La capacité d’un pays ciblé à acquérir des biens sous embargo auprès d’un tiers est susceptible de réduire son efficacité. En outre, les embargos désavantagent les exportateurs des pays qui les imposent par rapport à leurs concurrents des pays qui ne les respectent pas, en leur refusant l’accès aux marchés du pays visé. Par exemple, les entreprises américaines se sont souvent plaintes que l’embargo américain contre le Vietnam n’empêchait pas les consommateurs vietnamiens d’acquérir des ordinateurs américains et d’autres biens sous embargo par l’intermédiaire de tiers. La question de la « disponibilité à l’étranger » est souvent utilisée pour justifier les exemptions de participation à un embargo, et c’est d’ailleurs l’une des principales justifications avancées pour mettre fin à l’embargo américain contre le Vietnam en 1994. Dans d’autres contextes, les détracteurs des embargos les ont contestés pour des raisons éthiques, arguant du fait qu’ils imposent souvent des coûts plus importants à la population générale du pays ciblé qu’à ses dirigeants politiques ou militaires.